J'ai assisté, il y a quelques jours, à une conférence de biologie sous-marine consacrée aux échinodermes.
La soirée vit se succéder les présentations d'abord des comatules, puis des oursins, des étoiles de mer, des ophiures pour se terminer par une dernière intervention à propos des holoturies ou concombres des mers ; Qu'on pourrait tout aussi bien surnommer les droopy des mers : « I'm happy :( » ou les calimeros des mers : « C'est trop injuste ».
En effet, sur terre ou sous les mers et océans du monde, la vie peut ne pas être qu'un long fleuve tranquille. Elle peut même être quelque peu difficile, voire ingrate. Pour certains en tout cas... dont les holoturies.
Un petit article donc... comme marque de compassion.
Les holoturies, d'un point de vue scientifique...
Les holoturies appartiennent à l'embranchement des échinodermes, des peaux d'épines (même si, ici, ces dernières ne sont pas d'une évidence flagrante).
En quelques mots, les caractéristiques principales (dont certaines sont uniques dans le monde animal), des échinodermes sont :
- ... Une symétrie pentaradiée (ex. : les étoiles de mers à 5 branches) ;
- ... Un système aquifère. Il s'agit d'un ensemble de canaux hydrauliques qui leur sert à se déplacer ;
- ... Pas de tête, pas de cœur, pas de système sanguin ;
- ... Une présence dans toutes les mers, à toutes les profondeurs, sur tous les types de fond;
- ... Une capacité à regénérer les organes mutilés, voire auto-mutilés (pour échapper à un prédateur par exemple. On appelle ça l'autotomie !)
Enfin, les échinodermes sont des animaux benthiques, exclusivement marins. Ils forment un groupe très ancien de 6 à 7 000 espèces actuellement dont les représentants les plus connus sont les oursins et les étoiles de mer.
Les holoturies d'un point de vue plus... concret
Je n'ai pas de photo pour illustrer cet article. Mais il est facile, grâce à son surnom de concombre, d'imaginer à quoi ressemble une holoturie : un boudin (noir de surcroît dans nos eaux bretonnes) !
Il est à noter cependant que, dans des eaux plus clémentes, leurs couleurs peuvent être plus attrayantes.
En plus de ce physique peu avantageux, l'holoturie est handicapée par une physionomie simpliste.
De façon caricaturale, une holoturie est un cylindre creux, ouvert aux deux extrémités par deux orifices dont on devine aisément la fonction.
Cette physionomie, doublée d'une vitesse de déplacement remarquablement... lente, est particulièrement favorable aux intrusions en tout genre. Ainsi l'holoturie se retrouve parasitée / squattée (de l'intérieur) par une faune nombreuse, composée notamment de petits gastéropodes qui trouvent refuge dans les canaux aquifères de l'animal.
Si ce n'était que cela. Malheureusement, certaines holoturies se font également coloniser par des poissons. Par un poisson en fait, le Fierasfer. Celui-ci, lorsqu'il est petit, pénètre dans l'holoturie, par l'orifice cloacal, en marche avant, tête la première. Il profite alors du gîte et du couvert puisqu'il se nourrit des organes internes de son hôte.
Et, quand il est plus grands, il rentre en marche arrière, ne laissant dépasser que sa tête, et profitant ainsi d'un abri chaud, confortable et peu coûteux.
N.B : Vengeance. Il existe, à l'inverse, une holoturie commensale qui vit à l'intérieur d'un poisson.
Colonisée de l'intérieur, l'holoturie l'est également à l'extérieur. Des petites crevettes notamment vivent sur son corps.
Enfin, comme si cela ne suffisait pas, les holoturies constituent - contre toute attente - un met très apprécié en Asie où elles sont menacées d'extinction.
Les moyens de défense des holoturies
Devant tant d'agresseurs (alors que paradoxalement l'holoturie ne possède que très peu de prédateurs, hormis l'homme), le concombre des mers possède néanmoins quelques moyens de défense assez efficaces.
- ... Tout d'abord, il peut dégager des toxines dangereuses, voire mortelles, pour la plupart des poissons et autres animaux marins;
- ... Ensuite, il est capable d'émettre de longs filaments - des tubes de Cuvier - très gluants qui peuvent immobiliser ses ennemis ;
- ... Il est aussi capable d'expulser une partie de ses organes internes (et de ses squatters par la même occasion) ;
- ... Enfin, l'holoturie peut s'auto-mutiler. Aïe !
Pour terminer, voici quelques liens pour ceux qui souhaitent découvrir l'holoturie en photo : Doris.ffessm.fr, blogdeglacechoco.over-blog.org